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dimanche 26/06 17H

ZANMARI BARÉ

jam session

©Jérome Picard

Zanmari Baré s'installe le temps d'une après-midi sur la scène de la Flèche d'Or pour une jam session au rythme du Maloya

ZANMARI BARÉ

Ici, par là-bas

Avec Sizi, son 3e album, Zanmari Baré enrichit sa grammaire d’influences et d’instruments nouveaux. Guitares, ukulélé, violoncelle et piano se mêlent aux instruments rythmiques traditionnels dans une balade passionnante aux bords du maloya. Nouveau coup de cœur pour un maître de la chanson.
8 ans se sont écoulés depuis la sortie de Mayok Flèr, classique instantané qui a propulsé le très discret Zanmari Baré dans la courte liste des grands auteurs du maloya, tout à côté de son ami Danyèl Waro. L’ombre bienveillante de ce dernier flottait d’ailleurs sur ce premier enregistrement radical qui carburait au cocktail traditionnel des voix et des percussions, et tricotait une langue créole revendiquée comme un trésor poétique et politique. Il n’en fallait pas plus, alors, pour annoncer Baré comme l’héritier du bluesman rebelle de Bois Rouge, invité sur un duo aux airs de manifeste (Mon lang) à poser sa voix sur une déclaration d’amour à l’idiome.

Pourtant, ce qui frappait déjà dans l’écriture de Zanmari, par-delà ses combats, c’était surtout sa faculté magique de fabriquer, en quelques fulgurances, des personnages de chair, d’os et de drames, et des histoires remplies de vie. Raconter des gens ordinaires, presque rustiques, souvent poignants, et porter à travers eux son message. C’était aussi la mélodie, une musicalité tout en émotion et en dramaturgie qui faisait par instants monter le souvenir d’un autre géant, celui de la chanson française, Brel. Cette vraie singularité sur la scène maloya s’est confirmée il y a trois ans avec Voun, qui refermait son bal au piano, loin des grammaires traditionnelles, sur une sublime romance nostalgique, et qui ouvrait le chemin à de nouvelles recherches musicales.

Voici donc aujourd’hui Sizi, un disque ample et réfléchi où Zanmari Baré étoffe sa palette instrumentale pour embellir encore son maloya raconteur d’ambiances exotiques, de parfums voyageurs et d’instruments mélodiques parfois surprenants. Comme sur La Line Kaylous, une comptine délirante aux accents hawaïens grattés par Baré lui-même sur un ukulélé où seul le doux ressac d’un kayanm nous rappelle au maloya. Il y raconte la nuit de fièvre d’un enfant hanté par le reflet de la pleine lune sur le glacis noir du lagon avec une poésie naïve qui évoque presque Souchon. Au titre suivant, Da, la troisième en trois disques qu’il dédie à son épouse Florida, on imagine Alain Peters jouer de la guitare sur une déclaration sensuelle navigant entre delta blues et Cap Vert tandis que sur Isyinba, c’est un peu l’âme du chanteur de rue Henri Madoré qui danse au rythme d’un allegro populaire monté du temps lointain où séga et maloya se mélangeaient encore fraternellement. L’instant d’avant, un violoncelle et un piano se lamentaient des amours du pauvre Bizael, contrariés par un mariage mal arrangé quand, plus tard, une mère et son fils parleront d’évasion dans les langueurs hispaniques d’Andalouzi.

Dans ces caris de nobles variétés, on s’attache à la voix de Zanmari Baré, son feutre doux, légèrement élimé, qui couve avec chaleur les grandes émotions, les rêves et les colères. On peut s’attarder sur les mots, chercher la clé de leurs énigmes, s’émerveiller de leur puissance comme l’enfant qui réclame encore une histoire à son père, sur Papa mazi. On peut se raccrocher, enfin, au fil du maloya, toujours présent, même en sourdine : chœurs élaborés, rouleurs, kayamb, chaloupes ternaires, et l’esprit des racines qui puise dans la terre et l’histoire quotidienne de La Réunion cette sève qui toujours nourrit les feuilles. Elles peuvent se balancer dans les vents venus du lointain sans jamais s’envoler. D’où que viennent les influences qu’il pioche avec curiosité, Zanmari Baré reste ancré, et nous avec lui. Ainsi le voyage approche-t-il sa fin avec Sizi, longue tendresse sans chichi dédiée à la mère du chanteur, Suzie. Elle donne son nom, et c’est justice, à ce disque zigzagueur qui voyage loin pour mieux revenir aux sources.

A chaque mélodie ses destins, ses secrets, ses drames, ses périples, ses paysages déroulés tranquillement au rythme d’une tracklist débordant souvent les 5 minutes. C’est le temps nécessaire que sait prendre Baré pour dire son fonnkér, ce « fond de cœur » des poèmes créoles. Sizi est un disque qui révèle ses profondeurs avec patience, à l’image de son auteur. Il y déploie avec malice un art du double-fond qui fait de chaque morceau un petit tour de magie. Qu’ils s’ouvrent en cours de route et s’avèrent en contenir un deuxième comme une poupée russe, qu’ils changent de rythme ou de ton, prennent des airs de fable ou marchent sur le fil droit du bobre et des transes, ils possèdent le charme familier des grandes chansons, ce fil ineffable et intime qui vous lie d’amitié avec une œuvre d’art.

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